L’homme qui voulait prolonger la vie
Il était une fois, Elie Metchnikoff, qui émit l’hypothèse il y a plus d’un siècle, que la santé pouvait être améliorée et la sénilité retardée en modulant les microbes intestinaux à l’aide de bactéries présentes dans le yaourt. Ce zoologiste et microbiologiste fut ainsi l’un des premiers scientifiques à s’intéresser aux microbiotes et à ce que l’on nomme aujourd’hui les probiotiques dont il encouragea la consommation pour lutter contre le vieillissement.
Voici l’histoire de « l’homme qui voulait prolonger la vie ».
Elie Metchnikoff nait en 1845 dans un village de Russie. Quarante-trois années plus tard, ce docteur en sciences accède au poste de chef de l’unité de « microbiologie morphologique » à l’Institut Pasteur. Au cours de cette période, il met en évidence l’élimination de particules étrangères par des cellules dévorantes qu’il appelle « phagocytes », dont il comprend qu’elles sont essentielles à la protection contre les infections. Ces recherches lui valent d’être nommé directeur des recherches scientifiques de l’Institut Pasteur et de recevoir le prix Nobel en 1908 pour ses travaux sur l’immunité.
À la fin de sa carrière, alors que sa vigueur commence à décliner, Elie Metchnikoff s’intéresse aux mécanismes responsables de la sénilité et aux moyens de les ralentir. Du fait de ses origines, son attention se porte sur les habitants d’Europe de l’Est, en particulier des États balkaniques et de la Russie, qui comptent un nombre inhabituellement élevé de centenaires. Elie émet alors l’hypothèse que les paysans bulgares doivent leur remarquable longévité à leur forte consommation de produits laitiers fermentés.
Pour confirmer sa théorie, le scientifique se plonge dans l’étude de la structure et du contenu intestinal d’un grand nombre d’espèces animales et de l’Homme, mettant en lumière une multitude de microbes de putréfaction, qui peuvent produire des poisons. Il identifie des bactéries telles que Bacillus putrificus, sporogenes ou welchii, capables de produire des toxines comme le paracrésol et l’indol, qui accélèrent le vieillissement. En lien avec ses travaux sur les phagocytes, il pense alors que les dégénérescences liées à la vieillesse sont l’œuvre de phagocytes transformés en destructeurs de tissus sains du fait des toxines bactériennes intestinales.
Lui vient alors l’idée que l’ingestion de Lactobacilles de la fermentation diminue la toxicité de la microflore endogène, exerçant en retour une influence bénéfique sur la santé.
Complémentant son alimentation et celle d’animaux en probiotiques, Elie put directement constater une réduction du niveau de toxines dans les urines.
Elie affirme ainsi qu’il est possible de « modifier la flore de l’organisme et de remplacer les microbes néfastes par des microbes utiles », réduisant l’effet délétère de composés toxiques issus de bactéries putréfactives, ce qui retarde in fine l’apparition de la sénilité. Loin d’avoir nécessairement une action néfaste chez l’homme, les bactéries peuvent, au contraire, contribuer à son bien-être. En voilà une idée nouvelle !
Constatant également que ce nouveau mode d’alimentation lui permet de mieux faire face aux épreuves de la vie, le scientifique et philosophe partage sa vision optimiste de la nature humaine à travers différents écrits et recommandations.
Ces derniers constituent les fondations de la recherche sur les effets bénéfiques des ferments lactiques et sur l’importance de la diversité microbienne pour la santé.